Christian Rossi -

Deadline !

Posté par Frédéric Bosser le 21 juin 2013 dans le Blog


Les premières pages de Deadline

à lire dans L'Immanquable n°30

 

Quand nous avons découvert les premières pages de Deadline, nous sommes tombés sous le charme de ses dessins, puis de son scénario et de sa narration. Alors nous avons fait le forcing auprès de son éditeur pour vous le proposer en avant-première. Le résultat est là, sous vos yeux, et nul doute que vous allez succomber à votre tour à ce très bel album signé Laurent-Frédéric Bollée et Christian Rossi…Ce dernier revient avec nous sur les motivations qui l’ont poussé à mettre en scène cet ouvrage.

 

Christian, racontez-nous dans quelles conditions vous avez découvert le scénario
de Deadline.

Alors que je dédicaçais lors d’un festival en Suisse, Griffo m’a parlé de ce scénario qu’il avait reçu et qu’il n’avait pas le temps de faire. Comme cela se passait aux États-Unis au moment de la guerre civile, un sujet qui m’intéresse depuis ma plus tendre enfance, et ce, bien avant la découverte des Blueberry, je lui ai demandé de me l’envoyer. Je l’ai lu en l’état, cela m’a plu et j’ai contacté dans la foulée son auteur, Laurent-Frédéric Bollée. Ce dernier a été très surpris par mon appel car on ne se connaissait pas du tout… 

 

Qu’est-ce qui vous a plu dans son scénario ?

En plus de la période, je retrouvais les thèmes développés par Stephen Crane dans un roman célèbre aux États-Unis, The Red Badge of Courage [ce livre raconte l’histoire d’un jeune homme qui fuit son premier combat avant de revenir au front pour faire son devoir de citoyen]. Comme pour une initiation, il passe de la lâcheté au courage… Ces thèmes touchent beaucoup les garçons. La notion d’homosexualité que l’on développe dans cet album n’était pas présente au début. Elle a résulté d’une certaine logique quand nous avons retravaillé l’histoire. Louis, notre jeune héros, rencontre la grâce avec ce prisonnier noir, ce qui va le transformer. Laurent-Frédéric a eu l’idée de l’expliquer par un choc amoureux. 


 

Est-ce un album en couleur directe ?

Oui ! J’ai élargi au maximum ma gamme de couleurs. Pour cela, j’ai travaillé avec des jus d’acryliques et des aquarelles. Cela m’a permis de faire des essais de perspectives. Je pense avoir véritablement trouvé mon rythme de croisière sur les trente dernières pages. Dès que je peux expérimenter des choses, je n’hésite pas à le faire.


Jean Giraud n’étant plus là pour vous critiquer, vous pouvez vous lâcher…

C’est évidemment un message posthume qui lui est adressé. Nous avons eu de nombreuses conversations ensemble sur ce sujet. Il n’osait pas faire un album de Blueberry en couleur directe. Une position étonnante quand on connaît sa maîtrise dans le domaine. Elle était toujours réussie et de très bon goût. Sachant qu’il ne verrait pas mes propositions sur Deadline, autant lâcher mes coups. Ce sont des messages d’amour que je lui envoie… 

 

Est-ce plaisant de travailler sur un one-shot ?

Très ! Tu t’installes dans une histoire et tu ne souffles pas… En réalisant de nombreux panoramiques, j’espère proposer aux lecteurs comme un petit film. Je veux qu’ils soient immergés le plus longtemps possible dans notre histoire, comme quand ils se trouvent dans une salle de cinéma.

 

 

 



Photo © 2003 / Dargaud